Réalité

Il peut y avoir mille et une façons de voir la vie…
Quelle est la meilleure ?
Et quelle serait celle qui pourrait être la meilleure, autrement dit : la seule qui soit réelle ?
D’ailleurs, si tu te poses vraiment la question : qu’est-ce que la réalité ?
Est-ce cette vie qui, jour après jour, t’emporte dans un tourbillon de questions, de doutes et de certitudes, de rires et de larmes, de joie et de souffrance, d’amour et de haine, qui t’entraine d’un état à un autre parfois en une fraction de seconde, sans que tu saches pourquoi, sans que tu te sentes libre d’intervenir pour mettre de l’ordre dans tout ça ?

Et si tu allais voir plus loin… Et si la curiosité te faisait consulter le dictionnaire (qui doit forcément bien savoir), histoire de revoir un peu la définition de ce mot incertain :

REALITE :

• 1. Caractère de ce qui est réel, de ce qui existe effectivement : Douter de la réalité d’un fait. Synonymes : existence – matérialité – vérité Contraires : apparence – doute – fausseté – idéalité
• 2. Ce qui est réel, ce qui existe en fait, par opposition à ce qui est imaginé, rêvé, fictif : La réalité dépasse la fiction. Synonyme : fait Contraires : aberration – chimère – fantôme – fiction – illusion – mirage – rêve – songe – utopie – vision
• 3. Vie réelle, telle qu’elle est, par opposition aux désirs, aux illusions : Regarder la réalité en face.
• 4. Chose réelle, fait réel : Être confronté à de dures réalités.

Es-tu plus avancé ? N’as-tu pas l’impression qu’il te manque là quelque chose d’essentiel ? Ces définitions répondent-elles vraiment à la question : qu’est-ce que la Réalité ? Car, en restant sur le terrain de la logique, la Réalité ne peut être qu’une, n’est-ce pas ? Forcément. Ça parait évident, non ? Il ne peut logiquement, et même intuitivement, y avoir plusieurs réalités, sinon ce ne serait plus la réalité…

Et si la définition de la Réalité était tout simplement : « ce qui existe, indéfiniment, ce qui ne peut avoir ni début, ni fin, ce qui ne peut pas changer » (sinon ce ne serait plus une réalité). Cela ne remettrait-il pas en perspective tout ce que tu vois, connais, goûte, appréhende… ?

Regarde à présent : la fleur sortie de la graine plongée dans les entrailles de la terre, ne finit-elle pas par faner, puis par disparaitre ? Est-elle Réelle ? (au sens de notre définition ). Les nuages n’apparaissent-ils pas puis ne disparaissent-ils pas dans le ciel ? Sont-ils Réels ? Tu pourrais argumenter et dire que la fleur et les nuages sont la combinaison de plusieurs éléments, c’est vrai. Mais ces éléments… sont-ils Réels ? Ne sont-ils pas tout autant la combinaison de plusieurs autres éléments ? Tu pourrais ainsi observer l’univers entier, remettre en question toutes les manifestations expérientielles et même imaginables, décortiquer chaque élément, du plus grand au plus petit, du plus combiné au plus simple, car enfin, au bout du bout, il doit tout de même bien y avoir un élément premier ! (N’est-ce pas ce que la science tente de démontrer dans des théories qui n’en finissent pas ?)

Mais pourquoi aller si loin ? Si tu te penchais plutôt sur l’expérience la plus intime qui soit : celle de ton propre corps. Celui-ci ne nait-il pas un jour, ne meurt-il pas un autre jour ? Est-il donc réel ? Et tes pensées ? Ne surgissent-elles pas (la plupart du temps d’ailleurs par surprise) puis ne disparaissent-elles pas ? Sont-elles donc réelles ?

Et toi… oui, toi. Car tu es au moins d’accord que tu n’es pas uniquement ton corps ? (pourrait-on dire « que tu n’es pas uniquement « le » corps, ou est-ce encore trop tôt ?). Ce ne sont évidemment pas ta main, ni ta jambe, ni ta tête qui sont ce : Michel, Paul, Léa, Nathalie… se reconnaissant lorsqu’on les appelle. Ça, tu le sais ! Alors, au-delà de ce corps, qu’es-tu d’autres ? Ton prénom ? Ton passé ? Ta mémoire ? Tes émotions ? Tes ressentis ? Voire… tes conditionnements ? Mais tout cela ne vient-il pas, ne repart-il pas ? Tout cela ne change-t-il jamais ? Souviens-toi : la Réalité ne peut être qu’Une. Donc, si la réalité est celle que tu viens d’énoncer en te définissant, l’autre ne peut être « aussi » une réalité, non ? Qui est-il alors cet autre, que tu croises, à qui tu parles, à qui tu souris, que tu aimes ou que tu n’aimes pas, peu importe… S’il ne peut y avoir deux réalités ? Cela ne parait-il pas logique, rationnel, cartésien… « rassurant »… comme un et un font deux ? Et qui a dit que tu ne pourrais pas t’appuyer dessus ? Au moins au début…

A ce stade, ne serait-il pas juste de te demander : existes-tu vraiment en tant que ce « toi », qui semble finalement bien plus complexe, bien plus impalpable, bien plus mystérieux que tout ce que tu avais jusqu’alors imaginé… ou pas… Ce ne sont, c’est vrai, pas le genre de questions que l’on se pose couramment. Et pourtant…

Pourtant… peut-être tout à l’heure quelque chose s’est-il passé ? Peut-être quelque chose a-t-il remué tout au fond de toi… quelque chose qui semblait si net mais, c’est trop bête !, tu n’arrives maintenant plus à mettre des mots dessus.

Pourtant… quelque part, ça remue fort encore et puis ça te met mal à l’aise. Une envie soudaine de remuer, de t’activer. Passer à autre chose, à tout, à rien, à n’importe quoi, sauf à « toutes ces foutaises qui n’ont aucun sens ! ». Une pensée qui vient, et qui s’en va. Souviens-toi : la Réalité ne peut être qu’Une, ne peut ni venir, ni repartir, ne peut pas changer.

Et si tu allais voir plus loin… Et si la curiosité n’était au bout du compte pas de la curiosité ? Si elle n’était autre qu’un appel auquel rien ne peux résister ?